Série ambassadeur CJE : l’histoire de Vincent Godin
Après notre lancement officiel de notre nouvelle image de marque, il est maintenant temps que tu fasses connaissance de nos ambassadeurs. Laisse-toi inspirer par leur histoire, c’est la première étape de ta mise en action vers ton objectif de recherche d’emploi, de retour à l’école ou de projet d’affaires. Bonne rencontre avec Vincent Godin qui s’est servi de son passage au CJE comme d’un tremplin vers la découverte de soi!
Comme un poisson dans l’eau
Vincent Godin est la personne dysphasique la plus bavarde et la plus rieuse que j’ai rencontrée. Au premier contact, il a tellement d’entregent qu’on ne peut pas envisager toutes les difficultés qu’il doit surmonter chaque jour. Entrevue avec un gars qui a trouvé les moyens pour se réaliser et repousser les limites que la vie voulait lui imposer.
Défis à la nage
Vincent, tu t’es fait connaître grâce à tes défis à la nage. En 2013, tu as fait Montréal-Trois-Rivières, un défi de 125 kilomètres à la nage réalisé en 5 jours. En 2015, c’était Nouvelle-Écosse-Iles de la Madeleine, un exploit de 86 kilomètres à la nage réalisé en 40 heures. Et cet été, tu envisages descendre la rivière Saguenay entre Chicoutimi et La Baie, toujours dans le but de ramasser des fonds pour la cause de la dysphasie. Pourquoi t’es-tu dirigé vers la natation ?
« Comme enfant, j’avais beaucoup de difficulté à me concentrer. J’ai commencé la natation, mes premiers cours de base à la nage et j’ai tout de suite eu la piqûre. Ça m’a aidé dans mon stress et mon anxiété.
Encore aujourd’hui, se concentrer dans la journée ça me demande temps et énergie. Le sport m’a aidé beaucoup. Ce que je retrouve dans la natation c’est que je suis dans ma bulle, je suis enveloppé d’une concentration, d’un objectif que je me mets quand je nage. Je me dépasse moi-même. C’est une forme de thérapie pour moi, pour canaliser mon énergie et mon stress.
Mes défis, ça me procure une estime de soi, un challenge, un équilibre et un sens à ma vie. »
Je pense que ton défi des Îles de la Madeleine a été très difficile, n’est-ce pas ?
« C’était très difficile comme défi… j’en ai arraché ma vie ! C’était un défi supplémentaire de nager dans la mer en eau salée. On avait une fenêtre météo de 48 heures à respecter donc je devais nager presque sans interruption. Après 24h de nage sans pause, j’ai pris un repos de 3-4 heures et on a mis l’ancre du bateau. J’ai été malade, j’avais besoin de m’arrêter, me reposer, me réhydrater. On ne pouvait pas retourner, on était à une cinquantaine de kilomètres des côtes, il me restait 24h de nage le lendemain. La natation c’est un sport individuel, mais quand tu fais une traversée, c’est une équipe. Tout le monde avait un seul but : que je le réalise et tout le monde s’est mis à contribution. »
Peux-tu me dire de quelle façon tu réussis à t’entourer si bien ?
« J’arrive avec mon projet, je monte un genre de plan d’affaires, je vais voir des gens, je commence avec mes contacts. Pour les îles, j’avais besoin d’avoir une équipe médicale, un bateau de 50 pieds et un service de traiteur pour moi et pour mon équipage. Avant de parler de mon projet aux Madelinots et Madeliniennes, j’ai listé mes besoins avant d’aller les voir. J’avais besoin d’aller chercher les meilleures personnes pour m’entourer. »
Devenir adulte avec la dysphasie
Vincent, j’ai l’impression que la dysphasie t’a fait rebondir à la place de t’écraser ! Qu’est-ce que la dysphasie ?
« La dysphasie ne m’a pas donné la même chance que les autres. J’ai eu beaucoup de manque d’estime de soi quand j’étais jeune. Au secondaire j’aurais aimé ça être bon à l’école, avoir des bonnes notes. Ça été une période houleuse pour moi sur le plan de la vie personnelle. J’avais beaucoup de remises en question, d’interrogations et de difficultés d’adaptation. Le sport m’a vraiment aidé à passer tout ça. »
« Je pense que les conséquences de la dysphasie pour moi sont surtout sur l’apprentissage et la concentration. J’ai beaucoup de difficultés à avoir un repère dans ma vie si je ne comprends pas quelque chose. Mon défi à tous les jours c’est d’essayer de comprendre et de trouver des gens qui vont m’aider à comprendre. Les maths, le budget personnel, suivre un cours, apprendre une nouvelle tâche, à tous les jours c’est un défi que je dois me mettre. »
« Encore aujourd’hui, la difficulté d’adaptation arrive quand je rencontre du nouveau matériel, de la nouvelle matière, un nouvel environnement, des nouvelles personnes… je dois m’ajuster. Si je ne comprends pas, je ne peux pas être fonctionnel. Moi j’ai besoin d’avoir un peu plus de temps d’apprentissage, de concentration et de patience. »
« La communication j’ai cette force-là, cette capacité-là, je suis capable d’exprimer quand j’ai besoin d’aide. Durant le primaire et le secondaire, j’avais un suivi avec un orthopédagogue et un orthophoniste bien sûr. Aujourd’hui je n’ai plus de services parce que je ne suis plus à l’école, pour avoir des services il faudrait que j’aille au privé. »
« Je me compare à des gens qui ont des hautes études, de l’argent, beaucoup de bagage et d’expérience scolaire. J’arrive tranquillement à arrêter de me comparer. Ce n’est pas tout le monde qui peut réussir les défis que je réussis, moi. »
En 2017, il a passé la porte du CJE
« L’année passée, je te dirais, je me cherchais un peu sur le côté professionnel. Les conférences m’ont toujours interpellé, parler en public ça m’a toujours intéressé. Je suis allé au CJE, je n’avais pas d’attente en particulier, je voulais savoir si vous connaissiez des gens qui pourraient m’aider. À la base, j’avais 2 projets qui m’intéressaient : donner des conférences et tenir une station-service. Geneviève m’a orienté sur la situation en affaires à Trois-Rivières et a tout de suite été intéressée à mon projet de conférences et c’est de là qu’elle m’a donné des outils. Entre autres, elle m’a donné la chance de participer au projet Jeunes Volontaires, que c’était plus viable que le projet de station-service. Je ne connaissais pas le projet Jeunes Volontaires. »
« Le CJE, je savais que c’était une bonne référence pour les jeunes. Le CJE m’aide beaucoup, il a le potentiel d’aider des jeunes comme moi. Il m’aide à structurer mes projets. Vous avez beaucoup d’écoute, vous avez les ressources nécessaires pour m’aider. J’avais toujours eu l’impression que c’était une bonne place. »
Vincent a réalisé son projet Jeunes Volontaires entre octobre 2017 et mai 2018. Il a rencontré des conférenciers, il a fait équipe avec une rédactrice pour écrire les textes de sa conférence, il s’est penché sur le message qu’il voulait apporter aux autres. Il fait déjà des témoignages dans certaines écoles à Trois-Rivières et un peu partout au Québec, mais il ne désire plus être conférencier à court terme. Il a envie d’acquérir plus d’expérience de vie avant de la partager aux autres dans une conférence.
D’ici là, surveillez Vincent : pour parler de la cause de la dysphasie, il pourrait apparaître dans un média ou dans un cours d’eau près de chez vous !